Le plat à barbe, objet de toilette masculin en forme de cuvette et doté d’une échancrure dans la partie inférieure. Celle-ci, la mentonnière, permettait de récupérer la mousse et les poils de barbe. Les plats à barbe sont généralement en argenterie, en cuivre, en porcelaine ou en faïence. Comme il est impossible de se raser soi-même tout en tenant le plat, il était utilisé par les barbiers aux XVIII et XIX siècles. Ils pouvaient aussi servir de plat à saignées, les barbiers étaient souvent aussi chirurgiens. Quant au creux sur le côté du plat, deux possibilités : soit il servait à mettre le pouce pour maintenir le plat, soit il accueillait la boule en buis mise dans la bouche pour tendre la peau lors du rasage.

Autre pratique avec le même but, le rasage à la cuillère, on plaçait, côté bombé vers la joue, une cuillère dans la bouche du client. Troisième alternative, le pouce du barbier. Une des premières questions posées par le barbier était donc : « au pouce ou à la cuillère ». Le prix pratiqué était, bien entendu, différent. Une autre cavité sur le marli (bord intérieur, souvent décoré, d’une assiette ou d’un plat de porcelaine ou de faïence) était utilisée pour faire mousser le savon. Muni d’un anneau fixé sur un bord ou de trous, il pouvait être accroché sur un mur ou dans un meuble, appelé barbière.

Le plat était tenu par le client ou un apprenti barbier — dans les salons, on prenait un nouvel apprenti tous les ans — sous le menton. Le barbier essuyait la lame sur le rebord du plat. Plus tard, les barbiers ont utilisé un linge posé sur leur avant-bras. Celui-ci a été utilisé très rapidement dans les grands salons, mais chez les barbiers de village, cette pratique aurait été trop onéreuse par rapport au prix d’un rasage.

Ces plats étaient ornés des mêmes décors que l’on retrouve sur les autres pièces en faïence : fleurs, oiseaux, maisons, animaux, paysages. Certains modèles portaient en plus le nom ou les initiales de leur propriétaire (plats patronymiques), auxquels s’ajoutaient parfois les attributs de leur métier. On en trouvait également avec des phrases proverbiales ou humoristiques, des adages ou des légendes. Durant la période révolutionnaire, on pouvait trouver des décors tels qu’un coq perché sur une barrière, ou sur un fût de canon, voire avec des inscriptions pleines de sous-entendus comme : « Ici, on rase gratis ».

Au XXe siècle, le plat a laissé la place à la serviette que le barbier plaçait autour du cou de son client en la glissant dans le col de chemise. Ces plats font désormais partie des pièces recherchées par les collectionneurs.